Il est « Le Vilain ». Définitivement. Impossible de lui donner un autre nom puisqu'il n'a que le mal en tête depuis qu'il a vu le jour. Un énième braquage le pousse à retourner chez sa mère pour se planquer. Ils ne se sont pas vus depuis vingt ans. Bigote dévouée et naïve, elle découvre avec effroi que son fiston n'a rien retenu des bons préceptes qu'elle lui avait inculqués. Elle s'emploie à remettre cette brebis égarée dans le droit chemin. Tandis que lui projette carrément d'expédier au ciel cette redresseuse de torts embarrassante.

La rançon des échecs du Créateur et de Enfermés dehors ses précédentes réalisations? Ou simplement l'expérience de l'âge qui met de la douceur dans le vitriol? Voici Albert Dupontel qui s'assagit. Une certaine façon d'arrondir les angles, mais sans perdre de son mordant ni de sa truculence pour trousser une comédie tendre et acide à la fois, qui bouscule les conformismes insipides en cours dans le cinéma ordinaire.

Bien sûr c'est lui le vilain, le garnement, le méchant, le sadique qui s'acharne sur tout ce qui ressemble à de bonnes manières ou à de sages principes. Un rôle qu'il s'est auto-écrit pour faire vivre son énergie ébouriffante et son ingéniosité tordue. Mais la bonne trouvaille du casting, c'est d'avoir fait d'une Catherine Frot grimée et maquillée sa mère. Une petite vieille qui finit par ouvrir les yeux, derrière ses épaisses binocles, sur les réalités de la vie et les ratés de son existence. Mère et fils, un duo truculent autour duquel gravitent quelques figures hautes en couleurs (Nicolas Marié, Bouli Lanners) qui apportent un supplément de saveur et de tonus à ce divertissement loufoque et burlesque. A coup sûr le film le plus accessible et le plus populaire d'Albert Dupontel. Drôle et grinçant à la fois. 1h26.